La détention de quatre individus, soupçonnés d’être des agents de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE), a accentué les tensions déjà vives entre le Burkina Faso et la France. Arrêtés le 10 décembre 2023 à Ouagadougou, ces individus auraient été impliqués dans une opération clandestine visant à surveiller et à déstabiliser le gouvernement du président Ibrahim Traoré. Ce cas, selon les autorités burkinabè, illustre les tentatives d’ingérence étrangère dans les affaires internes du pays.
AfricaHeadline Reports Team
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Les arrestations ont eu lieu dans un quartier stratégique de la capitale, près des zones de haute sécurité. Selon les autorités, les suspects étaient en possession d’un matériel technologique avancé, 5 drones équipés de caméras thermiques, 3 ordinateurs portables cryptés, contenant des cartes détaillées des déplacements présidentiels, plusieurs GPS militaires, et des documents exposant des failles potentielles dans les itinéraires de sécurité.
Ces éléments, combinés à des communications interceptées, ont permis aux services de renseignement burkinabè de conclure que les suspects étaient impliqués dans une mission de haut niveau. Les documents saisis détaillaient les horaires des déplacements présidentiels, les points vulnérables des convois et des routes d’évasion planifiées, suggérant une préparation méticuleuse.
Les quatre individus auraient eu des rôles distincts dans cette opération présumée, Un spécialiste des opérations de terrain, chargé de surveiller les déplacements du président et de repérer les failles dans son dispositif de sécurité, Un analyste en renseignement, responsable de traiter les informations collectées et de les transmettre via des canaux cryptés à des contacts extérieurs, Un coordinateur logistique, qui assurait la mobilité, l’hébergement et l’approvisionnement de l’équipe, Un expert en communication, en charge de l’utilisation et de la protection des équipements technologiques.
Les autorités burkinabè affirment que ces rôles démontrent une organisation complexe, attribuable à une entité étrangère disposant de ressources importantes.
Le point le plus inquiétant des accusations concerne un plan supposé visant à éliminer le président Ibrahim Traoré. Les cartes et rapports saisis indiqueraient une tentative d’exploitation des failles sécuritaires identifiées sur certains itinéraires, notamment lors de déplacements matinaux.
“Nous avons découvert des éléments troublants, qui montrent une intention claire de nuire au président”, a déclaré un responsable burkinabè sous couvert d’anonymat.
Le gouvernement français a immédiatement démenti toute implication dans une telle opération. Dans un communiqué officiel, Paris a qualifié les accusations de “manœuvres politiques visant à instrumentaliser une crise diplomatique”. Les quatre détenus, selon les autorités françaises, n’étaient pas des agents de renseignement mais des citoyens ordinaires.
Cependant, la DGSE, fidèle à sa discrétion habituelle, n’a émis aucun commentaire. Cette absence de réaction a alimenté les spéculations dans les cercles diplomatiques, certains y voyant une tentative d’éviter d’aggraver les tensions.
Pour le Burkina Faso, cette affaire est devenue un symbole de la résistance à l’ingérence étrangère. Le président Traoré a utilisé cet incident pour renforcer son discours sur la souveraineté nationale. Peu après les arrestations, Ouagadougou a. Expulsé l’ambassadeur de France, suspendu les médias français tels que RFI et France 24, et officialisé des accords de coopération sécuritaire avec la Russie, notamment via le groupe Wagner.
Cette réorientation stratégique marque une rupture significative avec l’ancienne puissance coloniale, dans un contexte où le Burkina Faso cherche à diversifier ses partenariats internationaux.
Après près d’un an de négociations, le Maroc a joué le rôle de médiateur. Le 18 décembre 2024, les quatre détenus ont été libérés et remis à la France. Bien que cette libération ait permis d’éviter une escalade, les relations entre Paris et Ouagadougou restent fragiles.
Cet incident s’inscrit dans une dynamique régionale où plusieurs pays sahéliens, tels que le Mali et le Niger, ont également pris leurs distances avec la France. Le Burkina Faso, sous la présidence de Traoré, s’affirme désormais comme un acteur clé dans le rééquilibrage des relations entre l’Afrique et les puissances occidentales.
Cependant, des zones d’ombre subsistent. Le cas des quatre détenus reste un exemple frappant des enjeux complexes du Sahel, où s’entremêlent ambitions locales, influences étrangères et luttes pour la souveraineté.